Psychothérapie de la Petite Enfance
La petite enfance est un moment unique et fragile de la vie. Durant ces premières années, l’enfant découvre le monde, construit ses premiers liens affectifs et apprend à se séparer progressivement de ses parents.
Cette période fondatrice s’accompagne souvent de joies, mais parfois aussi d’inquiétudes. Lorsque les difficultés se répètent ou prennent une ampleur inhabituelle, elles peuvent être le signe d’une souffrance qui mérite d’être entendue.
Un tout-petit qui se réveille de nombreuses fois dans la nuit, qui refuse de s’alimenter, qui régresse dans ses acquisitions ou qui s’isole brusquement n’a pas toujours les mots pour dire ce qui l’agite.
Ses comportements deviennent alors un langage à part entière. Derrière ces symptômes se cachent souvent des angoisses profondes que l’enfant exprime à travers son corps, son sommeil, ses jeux ou ses émotions.
Quand faut-il consulter ?
Il n’est pas rare que des parents se sentent démunis face à certains changements durables dans l’attitude de leur enfant :
- troubles persistants du sommeil ou de l’alimentation,
- retards ou régressions dans le langage, la propreté ou l’autonomie,
- comportements agressifs, colères difficiles à contenir,
- repli sur soi, isolement ou manque d’intérêt pour le jeu,
- peurs envahissantes ou grande tristesse,
- réactions douloureuses à un événement familial (séparation, naissance, déménagement, maladie).
Dans ces moments, malgré toute l’attention et les efforts des parents, il peut sembler impossible de trouver une issue.
Consulter permet alors d’ouvrir un espace d’écoute où la souffrance de l’enfant est accueillie et mise en sens.
Une approche inspirée par la psychanalyse
La psychothérapie de la petite enfance s’inscrit dans la continuité des travaux de Freud et des grands cliniciens qui ont exploré l’univers psychique des enfants. Anna Freud, Mélanie Klein, Donald Winnicott ou Françoise Dolto ont chacun montré que les tout-petits possèdent une vie intérieure riche, faite de fantasmes, de désirs et d’angoisses, qui se traduisent dans leurs comportements quotidiens.
Dans cette perspective, le symptôme n’est jamais un simple « défaut » à corriger, mais une tentative pour l’enfant d’exprimer une difficulté qu’il ne sait pas encore dire autrement.
Le rôle du thérapeute est de déchiffrer ce langage singulier, d’offrir un espace de jeu et de parole, et d’accompagner parents et enfant vers une compréhension plus apaisée de ce qui se joue.
Comment se déroule la thérapie ?
La première rencontre se fait toujours avec les parents, et parfois en présence de l’enfant. Les inquiétudes des parents sont écoutées avec attention et replacées dans l’histoire familiale et personnelle du tout-petit.
Le thérapeute observe également la manière dont l’enfant investit l’espace de jeu mis à sa disposition : figurines, dessins, pâte à modeler, jeux symboliques… Autant de médiations qui permettent à l’enfant d’exprimer ses émotions et de mettre en scène ce qui le trouble.
Au fil des séances, l’enfant construit peu à peu une relation de confiance avec le thérapeute. Les parents, de leur côté, trouvent un lieu pour déposer leurs questions et être soutenus dans leur rôle.
La psychothérapie devient alors un travail commun, où chacun a sa place : l’enfant qui exprime, les parents qui accompagnent, et le thérapeute qui aide à relier et mettre en mots.
Le rôle des parents
Dans la petite enfance, le lien avec les parents est indissociable du travail thérapeutique. Leur présence, leur regard et leur disponibilité sont essentiels pour comprendre ce que l’enfant vit. C’est pourquoi la thérapie inclut toujours des temps d’échange réguliers avec eux, afin de partager des observations, d’éclairer certains comportements et de construire ensemble des pistes de soutien.
Et après ?
À l’issue de quelques rencontres, le thérapeute propose aux parents une orientation. Elle peut être celle d’un suivi psychothérapeutique, mais aussi, selon les besoins, d’un travail complémentaire avec d’autres professionnels de santé (orthophoniste, psychomotricien, pédopsychiatre, médecin).
L’objectif n’est jamais d’imposer un cadre, mais de trouver la démarche la plus adaptée pour soulager l’enfant et restaurer une dynamique familiale plus sereine.
La psychothérapie de la petite enfance n’a pas pour but de « changer » l’enfant, mais de lui offrir un espace où ses émotions et ses peurs trouvent une place.
Elle aide les parents à comprendre différemment ce que vit leur enfant et permet, par un travail patient et respectueux, de remettre en mouvement les forces de croissance et de créativité qui habitent tout jeune être.
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Psychologue Clinicienne
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F.A.Q / Questions réponses sur la Psychothérapie de la Petite Enfance
À partir de quel âge peut-on commencer une psychothérapie pour un enfant ?
La psychothérapie peut débuter très tôt, dès que l’enfant manifeste des signes de souffrance persistants. Même un enfant de 2 ou 3 ans peut bénéficier d’un accompagnement adapté à son âge, centré sur le jeu et la relation avec ses parents.
Comment savoir si les difficultés de mon enfant relèvent d’une psychothérapie ?
Certains troubles passagers font partie du développement normal. Mais si les difficultés (sommeil, alimentation, isolement, colères, régressions) se prolongent ou perturbent fortement la vie quotidienne, il est conseillé de consulter pour obtenir un avis professionnel.
Le travail thérapeutique implique-t-il toujours les parents ?
Oui. En petite enfance, la présence et la parole des parents sont essentielles. Les entretiens permettent de comprendre ensemble la situation de l’enfant et de soutenir la dynamique familiale.
Comment se déroule le premier rendez-vous ?
Le premier entretien est un temps d’échange avec les parents, parfois en présence de l’enfant. Le thérapeute écoute les inquiétudes, questionne l’histoire de vie de l’enfant et observe la manière dont il investit l’espace de jeu.
Combien de temps dure une psychothérapie de la petite enfance ?
Il n’existe pas de durée prédéfinie. Le suivi dépend des besoins de l’enfant, de l’évolution des symptômes et du rythme de la famille. Un point régulier est fait avec les parents pour ajuster la démarche.
Quelle est la différence avec une consultation chez un pédopsychiatre ?
La psychothérapie psychanalytique se concentre sur l’écoute des émotions et du vécu inconscient de l’enfant, en passant par le jeu et la relation. Le pédopsychiatre, médecin, peut proposer un diagnostic médical et, si nécessaire, un traitement médicamenteux. Les deux approches sont complémentaires.
