Article modifié le 25 septembre 2025
Les dérives du coaching :
un risque pour le psychisme
Coaching ou psychanalyse ? Une confusion dangereuse
Le coaching est souvent présenté comme une méthode moderne pour atteindre ses objectifs, développer son potentiel ou “libérer ses blocages”. En apparence, la démarche semble bienveillante, dynamique et tournée vers l’action.
Pourtant, plusieurs enquêtes et témoignages – dont l’émission Secrets d’info sur France Inter consacrée aux « dérives du coaching » – révèlent des pratiques inquiétantes. Pour des personnes psychiquement fragiles, certains coachings peuvent renforcer des vulnérabilités ou créer des dégâts profonds.
Cet article propose une analyse structurée des dangers potentiels du coaching non encadré, ainsi que des confusions dommageables entre coaching et psychanalyse.
I. Qu’est-ce que le coaching ? Où commencent les dérives ?
Le coaching accompagne une personne sur le plan pratique : il se concentre sur le présent et le futur, aide à fixer des objectifs, à mobiliser des ressources et à améliorer les performances. Ce n’est ni une démarche thérapeutique, ni une exploration de l’inconscient ou de la vie psychique profonde.
Les dérives commencent lorsque des coachs, souvent sans formation clinique, prétendent pouvoir “guérir” des blessures intérieures, traiter des troubles émotionnels ou offrir des séances à visée thérapeutique. Dans l’émission de France Inter, plusieurs témoignages décrivent des coachings où l’on promet des “transformations intérieures profondes” sans aucun cadre éthique ou déontologique.
II. Risques psychiques liés au coaching mal encadré
1. Surmenage émotionnel
La logique de performance, omniprésente dans certains coachings, peut placer les individus dans une tension constante : “je dois changer”, “je dois progresser”. Cette exigence permanente peut provoquer épuisement psychique, anxiété ou perte de repères.
2. Effet miroir culpabilisant
Certains coachs valorisent la réussite individuelle au point de faire porter l’échec sur la seule responsabilité de la personne coachée : manque de volonté, de motivation, de discipline… Ce discours peut culpabiliser et fragiliser profondément des personnes déjà vulnérables.
3. Dépendance relationnelle
Une relation de dépendance peut s’installer : le coach devient une figure d’autorité, presque incontournable. L’individu se sent progressivement incapable d’avancer sans validation externe. Ce phénomène peut ressembler, sans cadre clinique, à une forme d’alliance transférentielle mal maîtrisée.
4. Absence de cadre thérapeutique
Le coaching n’est pas conçu pour accueillir des traumas, des états psychotiques ou des crises suicidaires. Pourtant, certains coachs prétendent “soigner les blessures de l’enfance” ou “guérir le passé”. Sans formation clinique, cela peut réactiver des souffrances sans possibilité de contenance psychique adéquate.
III. La confusion dramatique entre coaching et psychanalyse
Une erreur fréquente consiste à assimiler coaching et psychanalyse. Or, la psychanalyse vise l’exploration de l’ inconscient, des conflits internes, des désirs, en s’appuyant sur un cadre spécifique et une temporalité longue.
Le coaching, lui, cherche des solutions rapides, ciblées et mesurables. Confondre les deux, c’est exposer des personnes vulnérables à des pratiques inadaptées. Certaines offres commerciales utilisent d’ailleurs un vocabulaire pseudo-analytique (“libérer vos blessures”, “guérir votre inconscient”) pour vendre des services sans garantie.
Cette confusion peut avoir des effets dramatiques : des patients renoncent à une prise en charge thérapeutique sérieuse, croyant pouvoir “tout résoudre” en quelques séances de coaching.
IV. Signes d’alerte à repérer
- Absence de supervision ou de code déontologique clair.
- Promesses de transformation rapide ou “radicale”.
- Discours culpabilisant en cas de stagnation.
- Tarification opaque ou “packs illimités” sans cadre.
- Substitution à toute relation thérapeutique authentique.
V. Le rôle des professionnels de la psyché
Les psychanalystes, psychologues et thérapeutes ont un rôle essentiel : informer, clarifier les différences entre pratiques, accueillir les personnes abîmées par des coachings abusifs et défendre la spécificité du cadre thérapeutique.
Il est aussi crucial de maintenir une frontière éthique nette: ne pas se présenter comme “coach thérapeutique”, mais au contraire promouvoir la complémentarité possible entre les deux champs, chacun dans son domaine.
Conclusion
Le coaching peut être utile dans des contextes bien définis : orientation professionnelle, organisation personnelle, motivation. Mais dès qu’il s’aventure sur le terrain de la psyché profonde, il devient dangereux, surtout pour des personnes fragiles.
Confondre psychanalyse et coaching, c’est gommer les différences entre soin psychique et optimisation comportementale. Cette confusion peut causer des retards de prise en charge, des réactivations douloureuses ou des dépendances affectives non contenues. La vigilance, l’ information et la clarté des rôles sont essentielles pour protéger les personnes.
Source inspirée de l’émission Secrets d’info – « Les dérives du coaching », France Inter. Disponible sur le site de Radio France.